Speedwriting #7bis – Un avant-goût…

Je travaille depuis quelque temps sur une nouvelle, ce qui explique mon manque d’assiduité sur la tenue de ce blog. Afin de mettre un terme aux rumeurs les plus sordides qui circulent sur la toile et qui indiqueraient que j’ai simplement mis ma carrière d’écrivain (certes au stade embryonnaire) entre parenthèses, et aussi afin de rassurer mes lecteurs, voici un tout petit extrait de la nouvelle en question. Lorsque j’aurai conclu cette dernière, peut-être ce passage n’aura-t-il pas évolué d’un iota, ou bien peut-être aura-t-il disparu ! Qui vivra verra ! En attendant, ENJOY !

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Encore tout chamboulé par ce qui venait de m’arriver, je fus entraîné hors de la salle par un mouvement de foule irrésistible dont je ne cherchais même pas à contrer la marche. Tout effort aurait été de toute façon vain, tant la puissance que peuvent dégager des dizaines de personnes liées les unes aux autres tel un seul surhomme est impressionnante. Et parce que j’avais l’esprit trop embrumé pour entreprendre une quelconque action, c’est par instinct de survie que cette fabuleuse machine qu’est mon cerveau primaire se mit en branle afin de me permettre d’encaisser les coups inévitables et de suivre la procession tel un maillon de la chaine trop faible pour agir. Autant dire que je n’avais pas la moindre idée du lieu vers lequel j’étais censé aller. Je pense d’ailleurs toujours aujourd’hui que cette foule elle-même n’en avait pas la moindre idée. Elle fonçait vers sa destination sans réfléchir, inconsciente du chemin à emprunter, mais résolue à avancer. A posteriori, je me dis que c’est bien malgré moi que je me retrouvais parmi ces fameux moutons que j’avais tant méprisés. Mais était-ce le cas ? Dans ma temporaire fébrilité, je commençais à me prendre au jeu. Je ne voyais pas tellement de différences entre cet élément rouillé que je représentais, seulement porté par la foule, et l’automate que j’avais pu être en certaines occasions lors de soirées en boites de nuit, alors que les stroboscopes battent leur plein et que les musiques aux rythmes répétitifs et aux basses entêtantes martyrisent nos oreilles et réveillent nos jambes par ce mystérieux instinct de la danse. J’avais presque honte de me l’avouer, mais je ressentais du plaisir à être baladé par cette masse, de me laisser guider et de guider tout à la fois, malgré mes pas mal assurés. J’étais totalement grisé par ma propre impuissance. On a pour coutume de dire que le comportement d’une foule est un phénomène émergent. Je comprenais maintenant la portée de cette phrase. J’étais totalement convaincu à ce moment précis que nulle personne de la foule ne contrôlait les mouvements imprévisibles de cette masse bouillonnante. Pourtant, nous avancions tant bien que mal, et notre trajectoire ne m’apparaissait après tout pas si chaotique qu’elle en avait l’air au premier abord. Nous approchions de ce que j’appelais la croisée des chemins, portail central du festival qui conduisait aux trois plus grandes scènes. En face, l’océan…

Soudain, j’eus plus de places pour respirer. Je devais même faire des efforts pour me mouvoir, et je serai tombé de tout mon poids si mes réflexes m’avaient abandonné ! Preuve que la foule m’avait totalement porté, qu’elle avait porté chacun d’entre nous. De toute évidence, l’espace suffisant offert par ce carrefour avait cassé la plupart des maillons. Le charme était rompu. Je regardais autour de moi, nous étions tous transpirant, dégoulinant, trempés, la sueur nous enveloppés de la tête aux pieds. Quelques filles qui passaient à côté de moi enlevèrent leurs T-shirt, laissant apercevoir leur soutif et par-delà les tissus, leurs seins. Elles me jetèrent un regard approbateur tandis que j’étais momentanément fixé sur leurs attributs. Puis elles commencèrent à courir en direction de la plage. Celle-ci n’était pas à plus d’une centaine de mètre. Reprenant peu à peu mes esprits, je pouvais apprécier la légère brise qui caressait mon visage. Je fermais les yeux afin d’augmenter cette sensation de bien-être. Cette brise était si douce, elle semblait tellement bien s’y prendre avec moi que j’aurais pu la confondre avec mon âme sœur, la seule sans doute qui pourrait me caresser de la sorte, de manière si sensuelle, comme une caresse que seuls deux amoureux pourraient s’offrir. Le genre de sensualité que deux personnes qui se connaissent et se comprennent intimement partageraient une fois sans jamais l’oublier pour le restant de leurs jours.

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