Comme cela ne vous aura certainement pas échappé, nous sommes cette année en 2009. Pour beaucoup d’entre nous, ce nombre ne représente pas grand chose. Je suis pourtant convaincu pour ma part que ce dernier recèle de multitudes de propriétés plus intéressantes les unes que les autres, et je le dis sans ironie. Mais au-delà des chiffres et de toute arithmétique savante, ceux sont les événements que l’on a vécu, ceux que l’on a raté, les émotions qui nous ont transportés, les souvenirs que l’on a gravé, les liens que l’on a noués, ceux que l’on a défaits – en somme tous ces éléments qui font notre vie et la rende si belle à certains instants, et si triste et désespérante à d’autres moments – qui font ces douze mois, année après année. Certaines se révèlent plus marquantes que d’autres, et pour chaque individu, quelles qu’en soient les raisons, une année peut souvent se résumer à quelques faits, à quelques impressions qui resteront telle une marque indélébile dans le livre de nos vies.
Pourquoi faire un bilan de mon année 2009 me demanderez vous ? Celle-ci n’est même pas arrivée à son terme. Certes, mais d’une part mon intention n’est pas de faire un bilan de cette année, et d’autre part, en ce mois de septembre, on atteint déjà une période qui a souvent son importance et qui est en quelque sorte le déclencheur de ma réflexion. Personnellement, ce neuvième mois de l’année a toujours représenté deux faits majeurs et antagonistes, l’un attendu avec plaisir, l’autre souvent redouté. L’un des ces faits est mon anniversaire, l’autre est la rentrée des classes, que j’entends ici au sens assez large. Depuis mes trois ans, j’ai donc toujours vécu au mois de septembre une nouvelle année « scolaire ». Les guillemets ont ici leur place, puisque j’inclus la plupart des cycles que peut vivre un jeune, des premiers pas à la maternelle et de l’enfance au primaire, à l’adolescence au collège et au lycée, pour finir par les études, plus ou moins longues et plus ou moins couronnées de succès selon nos choix, que l’on soit à l’université, en grandes écoles, ou dans de multiples autres types d’établissements. Je n’ai bien sûr pas vécu toutes ces rentrées de la même manière. Mais il est vrai que l’appréhension ne s’est réellement estompée, sans jamais tout à fait disparaître, qu’à partir du lycée.
En ce mois de septembre, je n’ai pourtant pas connu cette fameuse rentrée, rituel immuable depuis 1987. En ce mois de septembre, j’ai eu 25 ans, ce qui me fait dire que j’entre définitivement dans l’âge adulte, au moins d’un point de vue légal, puisque la société ne manquera pas de me le rappeler pour de multiples raisons, les premières d’entre elles se révélant être les fameuses réductions étudiantes en tous genres auxquelles je n’aurai bientôt plus droit. En ce mois de septembre, je suis déjà rentré dans la vie active. Mon futur est-il réglé pour autant ? Si je compare ma situation à celles d’autres jeunes de mon âge que j’ai l’occasion de côtoyer, je dirai qu’en apparences, ma situation n’est en moyenne ni plus complexe, ni plus simple. Il faut cependant creuser au-delà de ces apparences. Alors, cette situation me semble différente, car je parais appréhendé la vie et mes attentes d’une manière différente du jeune lambda. L’avenir qui se profile devant mes yeux est je peux bien l’avouer un vaste chantier qui n’est pas près d’être déblayé ! Je considère cette nouvelle entreprise comme un défi et j’ai bien conscience des luttes que je vais devoir livrer, aussi bien envers le monde au sens large qu’envers moi-même.
Pourtant, en ce mois de septembre, c’est davantage mon passé que mon avenir que j’ai envie d’évoquer. 25 ans, la fin des études, un boulot, autant d’arguments de base qui me suggèrent que le moment n’est pas si mal choisi afin de tirer un bilan des années passées. En outre, cette petite introspection ne sera peut-être pas inutile à l’aube d’une vie différente – que je considère moins comme une rupture que comme un renouvellement. Il est justement bien trop tôt pour trouver les termes ad hoc. Aussi, un retour en arrière paraît bien plus adéquat. Mais par où commencer ? Ou plutôt, quand commencer ? Quels événements raconter ? Lesquels méritent d’être détaillés lorsque d’autres seront tout simplement passés sous silence ? Enfin, comment narrer tout ce bouillon d’instantanés ? J’ai d’abord pensé aux thématiques, le boulot, les amis, les amours… Mais ranger des situations dans des thématiques comme on range les gens dans des petites cases me paraît simpliste et ô combien réducteur. D’autant plus que chaque thématique nourri et se nourri des autres à chaque instant de nos vies. Je préfère m’en remettre à la plus simple et non moins efficace narration chronologique. Pertinence et sobriété sont des valeurs auxquelles j’attache beaucoup d’importance, et je veux tâcher de les associer à travers mes souvenirs. Ne reste désormais plus qu’à mettre forme tout ceci, ce qui risque de prendre une nouvelle fois un temps…certain !