Speedwriting #7 – L’Ultime Secret n’en ai pas un

Bonjour. Bienvenue à vous tous ici présent. Je vous remercie d’avoir favorablement répondu à mon appel, et d’être venus en si grand nombre. Je vous ouvre mes portes, mais ne vous méprenez pas. Vous n’entrerez pas dans mon univers – d’une part, telle n’est pas mon intention, et d’autre part, même si je le souhaitais, il me serait impossible de vous faire franchir le seuil. Aussi méritants que vous puissiez être, vous n’avez pas, vous ne pouvez évidemment pas avoir l’expérience, le vécu qui sont les miens en ce jour. Soyez en heureux. Je prie le ciel, je prie les étoiles, j’envoie mes pensées les plus profondes au-delà des frontières de l’univers – en a-t-il seulement ?- que vous n’ayez jamais à subir ce que j’ai vécu. La vie est un drôle de phénomène. Que l’on soit homme de science, homme de foi, ou les deux à la fois, on ne peut nier le miracle absolu de cet agencement spontané de la matière. Comment l’inanimé a-t-il pu laisser la place à l’animé ? Nul ne le sait. Mais le miracle de la vie a bien eu lieu. La vie est censée être une bénédiction. Une chance. Nous vivons, nous ressentons, nous aimons, nous rions, nous pleurons, nous haïssons, tels sont les lieux communs de la vie de tout un chacun. Quelques petits moments de bonheurs, quelques petits moments de malheurs, au final une équation à somme proche de zéro. La plupart d’entre nous n’est ni avantagée, ni lésée. Nous essayons de nous faire une place. Nous sommes tous plus ou moins égoïstes bien évidemment. Il est normal de penser d’abord à soi. Mais nous le faisons la plupart du temps avec les meilleures intentions du monde. Du moins, c’est ce que nous croyons. Avant d’aimer les autres, il faut d’abord s’aimer soi-même. Et quand on aime, on ne refuse rien. On ne se refuse rien. Il n’y a aucune honte à se comporter de la sorte. Vous avez agi ainsi. Vous agirez encore ainsi. J’ai moi-même agi de la sorte. Oui, je le répète, il n’y a aucune honte à se conformer aux règles élémentaires de la Vie. Il faut bien se l’avouer, nous sommes prisonniers, bien plus que de nos désirs, de nos existences. Voilà le prix à payer pour ce miracle. Depuis des siècles, depuis que l’humanité est apparue, nous avons vainement essayé de trouver un sens à notre existence, ou bien de démontrer l’absence de sens, ce vide qui vous fait si peur aujourd’hui, et qui vous conduit vers moi. Je comprends votre angoisse. J’imagine que le cheminement a dû être douloureux. Ce moment, terrible, où l’on se rend compte, après toutes ces heures de torture intellectuelle, que nous ne sommes au final pas différents des autres. De notre voisin de palier que nous méprisons à l’envi aux premiers philosophes qui nous léguèrent leurs pensées il y a de ça des milliers d’années. Il est terrible de voir à quel point le progrès, cette science qui nous a apportés tant de choses, n’influence pas, et n’influencera sûrement jamais nos angoisses existentielles. Peut-être ces dernières sont-elles inscrites quelque part dans nos gènes, marquées au fer rouge. D’aucuns ont une foi illimitée dans le progrès ; j’y ai moi-même pris ma part. Mais qu’on se le dise, nulle équation ne déchiffrera jamais l’Ultime Secret. Car ce dernier n’existe pas, nous l’avons nous-même créé. Il fut pour des générations l’ultime châtiment, et il le restera pour les générations à venir, à jamais…Bien, après cette petite introduction, prenez votre livre au chapitre premier et débutons : « Pourquoi désespérer, l’humanité ne peut statistiquement que finir par s’éteindre ».

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