Plus de 4 ans après mon dernier billet sur ce blog, en pleine période de Covid, je profite de relater l’expérience de mon troisième semi-marathon pour publier un nouveau compte-rendu de ces 21.1 km (et je rappelle que les comptes-rendus précédents sont ici pour l’année 2018 et là pour l’année 2019).
5 années se sont écoulées depuis mon dernier semi-marathon donc, mais je pourrais commencer par rappeler que je ne suis pas resté totalement inactif durant cette période. Il est vrai que les années 2020 et 2021 n’ont pas été les plus agréables pour moi, pour des raisons qui nous ont d’une certaine manière tous concernés (aka. la pandémie…), aussi bien que pour des raisons plus personnelles. C’est donc en 2022 que j’ai vraiment repris un rythme sportif régulier, avec le running comme activité principale. Et chaque début d’été depuis cette année 2022, j’ai pu courir la Corrida Pédestre de Toulouse, à savoir 10 km au centre-ville de Toulouse.
Mais jusqu’à la fin de l’année dernière, j’avais l’impression de stagner dans ma progression. Et le fait de mettre en stand-by mes entraînements entre le début de l’hiver et l’arrivée du printemps n’a pas aidé à capitaliser sur tous les efforts entrepris les mois précédents. J’avais donc en tête d’aller courir beaucoup plus régulièrement cette année. Le fait d’avoir rencontré une super partenaire d’entraînement et même bien plus que ça (coucou Céline :-)) pour m’aider à maintenir ma motivation et à tenir mes objectifs m’a mis sur de bons rails. Après les 10 km de la Corrida début juillet, j’ai notamment enchaîné plusieurs sessions de 10 km ou plus pendant l’été, ce qui ne m’était jamais arrivé jusque-là. Il fallait pourtant que je me décide à normaliser ces distances afin de me sentir capable d’à nouveau courir un semi-marathon.
Ce semi-marathon, qui a donc eu lieu le dimanche 10 novembre 2024, je m’y étais engagé depuis longtemps. Depuis novembre 2023 et une fenêtre de pré-inscriptions à prix réduit. Je devrais d’ailleurs aussi rappeler que l’annonce d’un nouveau Marathon de Toulouse avait fait l’effet d’une petite bombe dans la région toulousaine, puisqu’aucun marathon n’avait été organisé en ville depuis fin 2019. Mes lecteurs les plus assidus (ah ah!) se rappelleront que j’avais couru avec Sam mon fidèle lapin en 2018 et 2019 (bon, à cette occasion, j’avais laissé le lapin s’échapper avant la moitié de la course). Et cette année, j’espérais pouvoir à nouveau courir avec Sam, ainsi qu’avec Céline. Mais pour différentes raisons, ni Sam ni Céline n’ont pu se joindre à moi, et j’ai donc dû me résoudre à courir seul, entouré de quelques 12000 autres participants du semi et un public débridé sur le bord des routes.
J’étais clairement triste de ne pas pouvoir partager ce moment, mais j’étais néanmoins résolu à me prouver que j’étais capable de courir seul, et de tenir une allure ambitieuse. Je ne m’étais pas trop engagé auprès de mon entourage sur le temps que j’espérais faire (en tout cas, je ne l’ai pas crié sur tous les toits) mais j’avais l’espoir de finir entre 2h10min et 2h15min.
C’est donc d’un pas décidé que j’ai quitté mon appartement ce dimanche matin de course vers 7h50 afin de rejoindre la ligne de départ le long du boulevard Lazare Carnot. Avec une première agréable surprise en sortant de chez moi, la météo. Un ciel globalement gris, mais avec des températures douces pour la saison. En somme, un temps idéal pour une telle course. Il me fallait environ 25 minutes pour rejoindre à pied la zone de départ. Un bon échauffement pour réveiller mon organisme. J’ai eu l’occasion d’apercevoir, alors que je longeais le canal, de l’autre côté dudit canal, un peloton groupé, qui n’était autre que l’ensemble des coureurs du marathon, qui venaient de partir quelques minutes plus tôt de ce même boulevard que je m’apprêtais à rejoindre. D’apercevoir ces coureurs, je ressentais une petite excitation, de me dire que ce serait bientôt à mon tour de m’élancer, excitation mêlée à l’admiration de les savoir parti pour 42.2 km. Une distance mythique à laquelle je souhaite m’attaquer un jour. J’aurai l’occasion d’en reparler. Mais retournons au semi-marathon. Durant ma marche matinale, j’étais étonné de ne croiser que peu de personnes. A croire que j’étais un des rares à courir le semi, à moins que je ne sois totalement à la bourre. Et pourtant, arrivé à la Halle aux Grains, un brouhaha a commencé à se faire entendre, des groupes de coureurs apparaissaient à tous les coins de rue, des personnes trottinaient pour s’échauffer. Pas de doute, j’étais au bon endroit ! Encore un virage à passer, je laissais la Halle aux Grains derrière moi, et je m’engageais pour de bon sur le boulevard Carnot. Et là quelle ne fut pas ma surprise d’apercevoir d’ores-et-déjà des centaines et des centaines de coureurs, qui attendaient déjà dans leur sas. Mon premier objectif était donc de remonter l’ensemble du boulevard, en longeant les barrières qui me séparaient des différents sas, afin d’atteindre Jean-Jaurès et de me faufiler moi-même dans mon sas. Non sans mal et en jouant légèrement des coudes, j’ai pu atteindre mon sas (le tout dernier, celui pour les coureurs qui visaient 2h10 ou plus) et me positionner non loin des meneurs d’allure 2h10. Ne restait plus qu’à attendre le départ. Et que ce fut long. Je ne pouvais pas regarder mon téléphone et d’éventuels messages, car je l’avais positionné dans ma ceinture avec mes clés et une grosse barre de céréale et je ne souhaitais pas tout enlever alors que j’étais au milieu d’une foule de plus en plus compacte. Ma montre indiquait que l’heure théorique du départ était passée (i.e. 9h00) tandis que de nombreux coureurs remontaient encore tant bien que mal les fils de barrière pour atteindre leur sas. Finalement, l’organisation a eu le tort de ne pas faire des entrées dédiées par sas plutôt qu’une entrée unique. Cela m’aurait épargné de trépigner jusqu’à environ 9h25. Mais les fauves (ou les chatons ?) ont fini par être libérés ! Et je me lançais pour de bon dans mon troisième semi-marathon, avec la ferme intention de faire un bon temps. Ma montre enclenchée au moment du franchissement officiel de la ligne de départ, et c’était parti.
Et déjà, un léger moment d’agacement s’emparait de moi. Alors que mes jambes répondaient plutôt bien, j’étais empêtré dès ce premier km au milieu d’un peloton qui avançait un peu trop lentement à mon goût (un comble). Et c’est avec une certaine inquiétude que je voyais les meneurs d’allure du 2h10 prendre plusieurs dizaines de mètres d’avance. Bien décidé à ne pas les perdre de vue totalement, je forçais un peu mon allure, comptant sur les tous premiers km de course pour que le peloton s’étire et que chacun prenne son rythme. Et dès le troisième km, je tenais les meneurs d’allure à une cinquantaine de mètres devant moi. Dès lors, j’étais parti dans mon semi ! J’avais conscience d’avoir une allure relativement rapide, mais j’avais confiance en mes jambes, et au travail effectué en amont. Je savais aussi que ma meilleure chance de faire un bon temps consistait à partir sur un rythme soutenu. Dès le cinquième km, les premiers ravitaillement se présentaient à nous, et j’étais surpris du temps déjà écoulé. Totalement dans ma course, je ne regardais finalement que de temps en temps le public autour de moi et j’essayais vaguement de refaire le parcours du semi dans ma tête. Aussi vite que nous quittions le cinquième km, le dixième km apparaissait. Et je mesurais avec une certaine satisfaction les progrès réalisés cette année, pour finalement rendre presque banal le fait de courir 10 km. Je jetais un coup d’œil à ma montre, qui affichait environ 1h01min30s pour ces 10 premiers km. Les meneurs d’allure toujours devant moi, je tenais le bon bout et je me sentais bien.
Quelle ne fut pas ma surprise, à ce moment-là, d’entendre un “Allez Guillaume” qui venait de non loin derrière moi. Une voix familière répétait alors ce “Allez Guillaume”. Je me retournais, et j’avais le plaisir d’apercevoir Benoit, qui quant à lui courait le marathon, et tandis que je franchissais les 10 km, c’était les 30km qu’il attaquait ! Nos parcours respectifs s’étaient rejoints et c’était un joli hasard que nous puissions nous croiser, même de manière éphémère. Je laissais finalement Benoît me doubler ainsi que pas mal d’autres coureurs du marathon, qui avaient alors un rythme bien supérieur au mien. Alors que nous contournions l’hippodrome, il était temps de s’attaquer à la seconde partie de la course. Et la situation allait commencer à se gâter légèrement. Vers le km 13, je sentais que les muscles de mes jambes se raidissaient légèrement. J’avais pourtant bien bu, pris le temps de me ravitailler raisonnablement. Les meneurs d’allure étaient toujours devant moi. Mais pour combien de temps dans mon champ de vision ? Alors que nous approchions du Stadium et du km 15, nous avons eu l’occasion de franchir un pont suspendu sur la Garonne (la passerelle Robert Poujade ?), et d’attraper un fugace mal de mer (!) alors que le pont vibrait sous le pas multiple des coureurs. Enfin, le Stadium apparaissait devant nous, marquant la dernière zone de ravitaillement. Je prenais le temps de faire le plein d’énergie, mais déjà la reprise me paraissait difficile. Les meneurs d’allure commençaient à filer doucement mais sûrement devant moi. Plusieurs dizaines de mètres, un virage, puis un second, et même si mes souvenirs sont légèrement flous, il ne faut que quelques centaines de mètres pour que je perde mes lièvres de vue. Je savais que la fin n’était pas si lointaine, et d’ailleurs, au km 17, je passais à quelques mètres de chez moi, mais je sentais mes muscles se tétaniser de plus en plus. Pas de Pom’Potes à l’horizon pour me donner du baume au cœur, et même quelques coureurs croisés sur le bord de la route, recroquevillés sur eux-mêmes. En terme de boost moral, j’ai vu mieux. J’essaie alors de faire abstraction de toutes ces pensées négatives. Nous nous engageons sur l’allée des Demoiselles, il reste environ 3 km à parcourir, et je vois bien que de plus en plus de coureurs me doublent à mesure que je traine de plus en plus ma peine. Je serre quand même les dents, je sais que la fin est proche. Je contourne le grand rond, je piétine, et c’est au mental que je me force à avancer aussi vite que possible. La remontée vers le Capitole se veut de plus en plus bruyante, le public est au rendez-vous sur cette dernière ligne droite. Et je n’ai plus qu’une pensée en tête, franchir cette ligne d’arrivée le plus rapidement possible. Un coup d’œil furtif à ma montre me fait craindre que je ne tiendrais finalement même pas les 2h15min. J’essaie de tout donner lors de ces derniers mètres. Et c’est finalement au prix de 3 derniers km franchement laborieux que je franchis la ligne d’arrivée. Temps officiel: 2h16min34s. Je ne le savais plus à ce moment-là, mais c’était à peine 15 secondes de plus que mon temps lors de mon premier semi en 2018. Et tout de même 10 minutes de mieux que lors de mon second semi en 2019.
Un peu hagard à l’arrivée, je me sens légèrement oppressé par cette zone d’arrivée où tout le monde est entassé, entouré de barrières. Je titube pour aller chercher ma médaille. Je me pose alors quelques minutes par terre. L’occasion de consulter enfin mon téléphone et de découvrir quelques messages d’encouragement et de félicitations qui me réconfortent. Alors que je retrouve un peu d’énergie, je me lève et cherche à fuir la foule le plus vite possible. Direction l’appartement. Je sens que j’ai déjà un peu de mal à marcher. Je repasse par les boulevards, et cette fois, ce sont les coureurs du 10km que j’aperçois, et qui s’apprêtent à s’élancer d’ici quelques minutes pour la dernière course de la journée. Je refais le chemin matinal en sens opposé. Alors que je dois traverser l’allée des Demoiselles pour me rendre dans ma rue, certains coureurs sont encore en train de lutter avec leur marathon. Ils en sont à 39 km. Plus que 3 km ! Je me dis qu’une éternité les sépare de l’arrivée, ou à tout le moins, j’imagine que c’est ce que certaines marathoniens doivent ressentir. Ça y est, je suis de retour chez moi. Je crois que j’échange encore quelques messages, je vais prendre ma douche, je me pose dans mon canapé, et je ne pense plus à grand chose pendant de longues minutes. Une bonne sieste plus tard, je peux enfin savourer ce nouvel accomplissement. Il va falloir panser quelques bobos (RIP mes pieds), tirer le bilan de cette course en termes de gestion d’allure et d’énergie. Et se projeter sur un prochain objectif. Si j’évoquais plus tôt cette fameuse distance mythique du marathon, c’est d’abord à des objectifs plus modestes que je compte m’attaquer. Probablement l’Oncorun en février 2025 et le 10 km de Blagnac en mars 2025. Sur le chemin d’un marathon, ou d’un triathlon ? Peut-être simplement sur le chemin d’un bien-être physique et mental. Un chemin que j’espère ne pas avoir à parcourir tout le temps tout seul même si je tire une certaine fierté d’avoir pu gérer cette course par mes propres moyens.
PS : ci-dessous la trace du parcours