Speedwriting #15 – La malle, mode d’emploi

– un Picsou Magazine Hors Série intitulé « La Jeunesse De Picsou ». La couverture cartonnée, complètement déchirée sur toute sa longueur – peut-être à force de l’avoir trop pliée – a été maladroitement scotchée. Pour une bande-dessinée d’enfant, hormis ce défaut de couverture, le reste des pages est totalement intact. Pas de pliures, de traces de crayons. Les pages ont d’ailleurs très peu jaunies. La preuve que son propriétaire était particulièrement soigneux ?

– une balle de baseball de la marque Rawlings, et made in China. Juste au-dessus de l’inscription Rawlings on distingue une écriture d’enfant au feutre noir à moitié effacée, où l’on vient lire Alex Rodriguez entouré d’un cœur. Ce nom ne m’évoque aucun personnage connu, mais je n’y connais de toute façon strictement rien en matière de Baseball à supposer qu’il s’agisse bien d’un joueur de ce sport.

– emballées dans un essuie-tout, 5 dents (de lait ?) dont l’une est cassée en deux et une autre fendillée sur tout la largeur ainsi qu’une pièce de 5 francs datée de 1979. La face de la pièce a légèrement noirci.

– un poster d’Audrey Hepburn (de dimensions 100 cm fois 60 cm). Une fois n’est pas coutume, quand on déplie le poster, ce n’est pas une jeune et pimpante Audrey que l’on a face à soi, mais le visage d’une Audrey vieillissante, toujours souriante certes, mais l’expression fatiguée dont les rides n’entament en rien la beauté. La photo a vraisemblablement été prise dans les années 80. Le photographe a capturé son image à pleine ouverture à l’aide d’une focale du genre 85 mm. Le bokeh en arrière-plan ne permet pas de distinguer autre chose qu’un vague flou vert. Sur la face arrière du poster, on distingue quatre points jaunes répartis uniformément dans les coins ainsi qu’un point au centre, sans doute les vestiges d’une gomme du type patafix.

– deux médailles en forme de croix portant l’inscription République Française et l’image de la semeuse en son centre. Les deux médailles ont l’air en tous points identiques si ce n’est que l’une d’entre elles est reliée à un petit ruban rouge. Des médailles de guerre ?

– un « diplôme » Prix de la Résistance et de la Déportation daté de 1993. Le diplôme, inséré dans une pochette plastique totalement transparente, est au nom de Guillaume M. En retournant la pochette plastique, on aperçoit un morceau de papier journal découpé à la main et qui s’est glissé là volontairement au vu de son contenu : une petite image en noir et blanc de très mauvaise qualité représentant une quinzaine d’adolescents sur une estrade, serrés les uns à côtés des autres. La photo porte la légende suivante : « Lauréats du concours départemental de la Résistance et de la Déportation 1993, de gauche à droite: Laura V, Florian S, Guillaume M, Pierre T, Marion T, Céli. » Et là la mauvaise découpe du papier journal ne permet pas d’en lire davantage.

– une feuille blanche pliée en 4. Une fois dépliée, elle révèle les tentatives d’un apprenti calligraphe. Il devait utiliser un pinceau ou un feutre adapté à ce genre d’exercices car le motif (répété à l’envi sur l’ensemble de la feuille) est dessiné avec de multiples variations d’épaisseur du trait. Ma connaissance très basique du Japonais me permet de déchiffrer (a priori) le kanji suivant : 本, prononcé « hon », ce qui signifie livre.

– un bouquin intitulé « Enfances et mort de GARCIA LORCA » aux éditions du Seuil. En feuilletant le bouquin, on y découvre de nombreuses annotations ainsi qu’un petit marque page qui s’était perdu page 88 où l’on peut lire difficilement « Laco et Dalí La Resi » (l’encre a coulé).

– une clé USB de 128 Mo de la marque Kingston. Elle a l’air intact de l’extérieur, mais il faudra la brancher à mon PC pour voir si elle est totalement vide ou bien si des données ont été conservées en mémoire.

Voilà un petit inventaire des affaires que j’ai pu trouver au hasard dans cette malle. Pour ma part, je l’aurais laissée au vide-grenier mais Célestine tenait absolument à récupérer cette malle et aucune autre, et quand elle a vu qu’elle n’était pas vide, bien loin d’elle le souhait d’abandonner son idée, elle s’est dit que c’était l’occasion de fouiller dans les souvenirs empilés en vrac d’autres personnes.

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Ce petit speedwriting est avant tout un clin d’œil à Perec et son célèbre chef-d’œuvre « La vie, Mode d’emploi ». C’est en lisant le petit hommage (bien meilleur) qu’en a fait David Madore que je me suis pris au jeu de faire le mien.

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